Après la nuit
Après la nuit, les fers étaient croisés.
Les épagneuls sifflaient accrochés aux armoiries écartelées.
Le trône évacué, les deux panthères avaient perdu le maître qui courait au désert.
— Il avait regagné sa tribu ancestrale
il avait retrouvé ses armes.
Il avait déposé sa couronne.
Il pleurait.
Il n’avait jamais quitté l’enfance, il avait vécu cent mille ans.
—
Ses cheveux ont gardé la trace des langueurs passées
des algues aux chevilles encore, les mains ouvertes, recueillant les vents des quatre sommets du monde, le coeur frappé de lances, attendri, désolé.
Il a délaissé son cortège.
La clameur derrière lui sous le sortilège d’une nuit qui ne prend jamais fin n’a pas remarqué son absence.
En son centre, les lutteurs s’empoignent à la mort, ils s’empoigneront jusqu’au matin,
mais le soleil ne se lèvera ni sur la victoire, ni sur la défaite
et la mort ne les délivrera pas.
Ils luttent comme des taureaux aveugles.
Du sable passe à travers ses doigts et brûle.
D’un geste il enflamme les vents qui fuient en cercles autour de la terre.
Il a abandonné sa nudité à la fureur.
Il a marché par-dessus la nuit,
Il a perdu son ombre.

